Les lumières s’éteignirent brusquement, ce qui venait annoncer le début du spectacle. La salle, normalement pleine pour chaque représentation, était aujourd'hui anormalement moins remplie, surement due aux nouvelles réformes gouvernementales. Alors que le silence s'appropriait petit à petit de l'endroit, en coulisse, les cœurs grondaient bruyamment. Certains a cause du trac de la scène, d'autres pour ce grand événement encensé qui allait se dérouler.
Des pas, un grand homme devant un micro et cette voix connue aujourd'hui de tous les adeptes du cirque.
"Bonsoir à toutes et à tous, courageux habitants de Verne et bienvenu parmi nous. Ce soir, je suis surpris du nombre que vous êtes, bien que la loi nous oblige à nous représenter en ce jour clandestinement. Je suis heureux de voir que pour le rire, vous êtes prêts à prendre des risques. Mais ce soir, mesdames et messieurs, vous ne serez pas surpris. Car, aujourd'hui, nous vous avons concocter une numéro plus fabuleux que tout ce que nous avons pu déjà vous montrer, un numéro plus fou que jamais et plus novateur que ce que vous avez pu voir à ce jour. Ce sera quelque chose qui changera votre vie et le cours de celle-ci pour les années à venir..."
Alors que le présentateur continuait son introduction, un homme regarde à travers un trou qu'il a fait au préalable dans la tante. En alerte, il retourne très discrètement auprès des siens cachés plus loin derrière les dunes.
"Mon général, aucune sentinelle, ils ne semblent pas se douter de notre venue"
Une grande escouade de soldats, dorés du blason de son Ultime Seigneurie, était postée là, prêt à prendre d'assaut la représentation de cirque. Deux personnes sortaient du lot, une femme habillée d'une longue toge et d'un bâton que l'éclaireur venait de nommer général, et un homme doté d'une grande épée et d'une armure.
"Khalifa, j'en ai marre, faut qu'on rentre dedans!"
"Patience mon ami, sa Seigneurie n'accepterait pas une défaite pour cause de ton impatience"
Pendant ce temps, dans la tante.
"Mais trêve de parlotes, vous n'êtes pas venus pour écouter mes tournures de phrases tordues! "Les Artisans du Rire" ont l'honneur de vous présenter leur premier numéro, connu de vous tous à ce jour et pour la plupart vos petits préférés! Je ne vous cache pas qu'ils le sont aussi pour nous!
Veuillez accueillir les jumeaux du vent!"
Des loges sortirent alors deux jeunes hommes, l'un armé d'un grand bâton, l'autre sans rien. Ils commencèrent leurs numéro bien connu de tous puisqu'ils le répètent et l'entretiennent tout le temps. Peter, celui qui prenait à deux mains ce grand bout de bois, s'inclina face au publique, puis laissa la pointe de son bâton se poser sur le sol. Sean le suivi dans sa présentation puis sauta sur l'épée de bois, et le numéro commença. Peter souleva de toutes ses forces ce bout de bois ce qui projetta Sean dans les airs qui entreprit un salto arrière pour amuser la galerie, ce qui attira les applaudissement de tous.
Alors que le numéro continuait et que le brouhaha des claquements de mains s'ébruitaient par delà la tante, l'armée de soldat se mit en mouvement, prêt à prendre d'assaut cette petite troupe circassienne. Ils s'avancent très rapidement mais sans bruit.
Le présentateur qui était posté aux arrières des deux jeunes gens, savourant le résultat de leurs efforts, reçut des directives de derrière le rideau cachant les coulisses, ce qui dessina sur son visage un large sourire. Le numéro finit, suivi des applaudissement de la foule, il s'avança tout en claquant lentement des mains.
"Merci, merci pour eux. Vous étiez formidables"
Il prit le micro. Toute la troupe au complète sortit des coulisses pour se poster à ses côtés. Soudain, une voix sortie d'un magnétophone rugit.
"Citoyens de Verne, vous êtes encerclés et pris en flagrant délit de clandestinage! Veuillez sortir les mains en l'air de la tante sans offensive sinon nous serons dans l'obligation de faire couler le sang"
La panique s'installait petit à petit mais le présentateur leva les mains en l'air. Ce personnage était un tel emblème pour tous ces gens qui vivaient la dictature depuis déjà trop d'années arriva à capter leur attention le temps d'un instant.
"Mesdames et messieurs, depuis trop longtemps nous vivons ce calvaire. Depuis trop longtemps, nous restons là à travailler dans l'ombre, sous la domination de sa Seigneurie. Aujourd'hui, "Les Artisans du Rire" changent de noms et prennent part au combat. Désormais, appelez nous "Les Artisans de la paix", car nous avons rejoins les rangs de "La Révolution". Mais nous avons besoin de vous. Sous vos sièges, nous avons disposés pour chacun une épée, bien que vous ne soyez pas obligé de nous suivre. Mais peut-être que vous le suivrez, lui... "
L'un des hommes postés à ses côtés se dévêtit alors de sa cape pour montrer son vrai visage, ce qui coupa le souffle de la foule. Cette homme était posté devant eux, cru mort depuis des lustres! Il dégaina cette épée aujourd'hui encore connue de tous et la brandit au ciel. Et de sa voix qui avait réunit les peuples dominés à l'époque, de cette voix qui inspirait l'espoir pour nombre d'entre eux, il cria :
"Le monde changera!"
Un sourire plus grand se dessina sur la bouche du présentateur. Il se retourna pour regarder les deux frères qui n'étaient pas au courant de ce qui se tramait. Les spectateurs aussi n'en croyaient pas leurs yeux, comme pétrifiés.
"Peter... Putain Peter c'est Rein, mon pote, c'est REIN!!"
Le présentateur joint ses mains avec brutalité, incanta trois mots magiques pendant que le reste de la troupe, tous maintenant armés foncèrent vers la sortie. Une grosse bourrasque de vent s'en suit de la bouche du présentateur qui vint percuter les soldats qui s'attendaient à tout, sauf à ca. Certains spectateurs récupérèrent les épées posées sous leur siège pour rejoindre l'assaut.
19 Mei 407, le retour de Rein, le retour de la Revolution.
"Sean, faut qu'on se casse par derrière la tante, c'est trop chaud ici." lança Peter en prenant la main de son frère.
Ils coururent vers la sortie de secours mais un bâton leur coupa leur route de plein fouet.
"Vous ne vous débrouillez pas trop mal pour des gosses. J'ai apprécié votre numéro"
Khalifa, sorcière de sa Seigneurie et terreur des citoyens, était postée là devant eux, aussi majestueuse et imposante qu'elle puisse l'être. Peter tenta de se lever mais elle le percuta de son bâton pour qu'il reste au sol.
"Pourtant il régnait en vous un défaut flagrant pour la vieille personne que je suis. Et je n'ai pas le temps de rester plus longtemps pour vous apprendre. Dés lors..."
Elle incanta une formule magique, puis fit un geste de sa main parsemée de bagues vers leurs pieds. Une chaîne se matérialisa alors, liant le pied droit de Peter au pied gauche de Sean.
"A partir d'aujourd'hui, vous serez liés, plus que vous ne l'êtes aujourd'hui... Tous les trois. Revenez vers moi pour vous défaire du troisième"
Elle montra une clé qu'elle déposa délicatement dans sa poche. Puis, dans un même mouvement elle frappa du bâton sur le sol ce qui provoqua un seisme et s'envola dans les airs. Les enfants s'évanouirent.
"Allez réveillez vous bon sang de bonsoir, réveillez vous je vous dis!!!"
Les quatre yeux des jumeaux s'ouvrirent doucement et cherchèrent qui leur parlait. Mais personne. Quad soudain Sean, qui pointa la chaîne vers leurs pieds. Une chaîne, dotée d'un visage, c'était de là que ça venait.
"Quoi?! Vous voulez ma photo?!"
Le début de l'aventure allait commencer!